Amenemhat III

 

Amenemhat III (ou Aménémès III) est le 6e roi de la XIIe dynastie. Il est le fils de Sésostris III et de la Reine Néferousobekshedeti, bien que cette filiation ne soit attestée avec certitude... ? Il succède à son père Sésostris III sur le trône. Les deux rois partagent une longue corégence de près d'une vingtaine d'année. Manéthon lui compte 8 ans de règne. Le Papyrus de Turin lui en compte plus de 40 ans. Les inscriptions et les monuments laissés par ce roi contredisent le court règne que lui accrédite Manéthon, c’est pourquoi quelques spécialistes, pensent que les copies ultérieures à son œuvre ont du mal être reproduites et que Manéthon avait initialement mentionné 48 ans. Son règne est vu comme l'âge d'or du Moyen Empire.

Amenemhat III a deux épouses attestées :

• Khenemet-néfer-hedjet III,  "Celle qui est unie à la couronne blanche". Le nom de cette reine n'est inscrit que sur un vase rituel qui à servi lors de son enterrement dans sa pyramide de Dahshour.

 

• Âat , "la Grande". Sa sépulture se trouve sous la pyramide de son époux à Dahshour, où elle fut enterrée avec une autre Reine dont le nom est perdu. Elle lui donne trois enfants.

• Hétepti, qui fut l’épouse, et/ou la fille du roi. Certains égyptologues avancent qu'elle serait la mère d'Amenemhat IV. Cette affirmation repose sur une représentation d'elle dans le temple de Médinet Mâdi  et une inscription où elle est indiquée comme Mère du roi. Cependant, dans ses titres, à aucun moment elle n'est présentée comme : Fille du roi ou Épouse du roi ou encore Sœur du roi, ce qui fait dire à ces mêmes égyptologues qu'elle ne fut pas d'origine royale.
• Néferou-Ptah II "La beauté de Ptah".
• Nebouhotepikheres.

Plusieurs filles sont connues:

Hathorhétépet.

• Sathathor II.

• Néférousobek, la future souveraine et dernière représentante de la XIIe dynastie

En politique intérieure Amenemhat III poursuit le travail de son père visant à accroître la puissance et la richesse du gouvernement central. Le roi continue l’exploitation économique du Fayoum en faisant creuser le lac Mœris (le lac Karoun), qui pouvait stocker treize milliards de mètres cubes d'eau de crue chaque année. Le lac fut achevé par son fils Amenemhat IV. La région devint un grenier à blé pour le pays et continua à être utilisée jusqu'en 230 avant J.-C. Une superficie estimée à 620 km² de terres nouvelles fertiles aurait été récupérées.

La politique extérieure d'Amenemhat III est de nature pacifique. Il hérite d’un pays bien organisé, très actif en Nubie et au Sinaï. La frontière Sud avec la Nubie est renforcée à Semna et plusieurs forteresses sont agrandies. Amenemhat III développe le commerce avec la Grèce et surtout avec la côte Phénicienne et les villes de Byblos, Tyr et Ougarit. L’Égypte en pleine croissance attire une abondante main d’œuvre de travailleurs étrangers, paysans, soldats et artisans d'origine "asiatique" qui commence à s'établir dans le Delta et dans la région de Licht.

De nombreuses expéditions dans les mines et les carrières sont enregistrées sous son règne : deux expéditions au Ouadi el-Houdi à la frontière sud de l'Égypte pour collecter l'améthyste ; plusieurs expéditions minières ont été menées dans le Ouadi Hammamat pour ses mines d'or, de granit et de grauwacke, appelée "Pierre de Bekhen" .Elles sont datées des années 2, 3, 19, 20 et 33 du règne du roi ; au Sinaï pour le cuivre et la turquoise. Il fait exploiter intensivement les mines et les carrières en Égypte même, avec le granit d'Assouan ; ou en Nubie pour la diorite et l'or. A Mersa, sur la côte de la mer Rouge, on a découvert une stèle mentionnant une expédition au pays de Pount sous Amenemhat III.

Les expéditions militaires d’Amenemhat III sont très peu documentées. Une petite mission en l'an 9 du roi a été trouvée dans une inscription rupestre en Nubie, près de la forteresse de Koumma. Le texte évoque une mission militaire guidée par « la bouche de Nékhen » Samontou qui rapporte qu'il est allé au nord avec une petite troupe et que personne n'est mort en retournant au sud.

Les monuments d'Amenemhat III sont nombreux et en bon état. Ils comprennent un petit temple magnifiquement décoré à Médinet Mâdi dans le Fayoum, dédié à la déesse des moissons Rénénoutet. La construction d'un palais à Bubastis, l'érection de seize colonnes papyriformes en quartzite rose à Kiman Farès et un socle de barque à Karnak. On lui attribue également des statues colossales de 12m de haut à Biahmou ; la construction de nombreux sanctuaires et de nombreux temples dans tout le pays, comme les temples de Sobek à Shedet, à Abydos et à Memphis où le roi fait élargissement l'ancien temple de Ptah.

La statuaire d'Amenemhat III s'inscrit dans la tradition de celle initiée par Sésostris III, ou nombreuses statues ne représentent plus un jeune roi, mais une physionomie expressive, montrant des signes de vieillissement. Deux styles de visage peuvent être attribués à Amenemhat III :

Le style réaliste : le visage du roi montre sa structure osseuse, des sillons sont clairement marqués sur le visage ; les traits du visage sont évidemment inspirés de ceux de la sculpture de Sésostris III ;

Le style idéalisé : le roi est représenté comme un jeune homme, avec un visage triangulaire

Amenemhat III fait construire deux pyramides durant son règne : Une à Dahshour,  « la pyramide noire » en raison de son état actuel. A l’intérieure on retrouva un sarcophage de granit rose. Cette pyramide ne fut jamais été utilisée par Amenemhat III, elle servit à l'enterrement de deux de ses reines. Elle à une base de 105 m2 pour une hauteur de 75 m. Il semble que le projet ait été abandonné au cours du règne probablement dû à la proximité du lac et de la nappe phréatique qui affaiblissait son noyau de briques crues.

     

Une autre pyramide fut construite à Hawara dans le Fayoum, « la pyramide de Hawara ». C'est dans cette sépulture que le roi fut enterré. Elle à une base de 105 m2 pour une hauteur de 58 m. Le temple de la pyramide était si grand que les auteurs classiques le décriront de "Labyrinthe" en raison de son dédale de couloirs et de chambres. Malheureusement aujourd’hui il ne reste plus rien.