Le scribe
Peu d’enfants allaient à l’école. Pour être orfèvres ou peintres, les garçons faisaient leur apprentissage dans un atelier ou avec une équipe d’ouvriers. Les scribes recevaient une instruction qui commençait à l’âge de 9 ans et durait près de 5 ans. Leur formation ce pratique dans des écoles dirigées par l’administration ou les temples. Ils travaillaient dur et les paresseux étaient battus : le bâton joue un rôle majeur dans la méthode d’éducation de ces enfants. Divers écrits déplorent les dures épreuves de cet apprentissage. Mais cela en valait la peine : ils appartenaient à la minorité qui savait lire et écrire, et avaient ainsi un statut enviable. Les scribes y forment un groupe d’élite, gardant jalousement le secret des écritures hiéroglyphique et hiératique, source de leur supériorité.
L’attirail du scribe comporte un étui pour les plumes de roseau, un récipient d’eau, et une palette rectangulaire munie de deux cavités contenant des pigments noirs et rouges. Toujours accroupi, le pagne tendu jusqu’à rigidité, le scribe écrit sur le papyrus comme sur une table. Les scribes sont parfois représentés avec un ou plusieurs roseaux derrière l’oreille. Tenant d’une main le rouleau de papyrus, ils écrivent de l’autre. L’écriture hiératique cursive, toujours de droite à gauche, est réservée aux papyrus. L’encre rouge s’utilise pour faire ressortir certains termes, des formes magiques ou de caractères dangereux et, dans les listes de céréales, pour différencier entre le blé et l’orge.
Les scribes sont partout dans le pays. Ils travaillent surtout pour les services de l’Etat incarné par le roi, pour les temples et pour certains hauts dignitaires. A ce titre ce sont donc des fonctionnaires. Des plus s plus humbles des employés aux ministres, ils sont répartis en de nombreux échelons. Chacun est responsable devant un chef, y compris les ministres qui rendent compte au roi. De puissants ministères, employant une multitude de scribes, se répartissent la gestion des ressources du pays. Certains scribes peu scrupuleux, profitent des possibilités d’enrichissement que leur offre leur poste. C’est le cas d’un administrateur des magasins de plusieurs temples de Thèbes sous Ramsès II. Nullement démonté par les preuves, le prévenu nie les accusations lors de son procès. Les juges le condamneront malgré ses protestations à une très lourde peine.
Dans un texte célèbre appelé « la Satire des métiers », un scribes du nom de Khéty vante les mérites de son travail et souligne qu’il ne fournit pas d’efforts physiques pénibles. Pour démontrer la supériorité de sa profession et de son rang social, il se moque du prêtre, du jardinier, du soldat, du tisserand, du paysan, du boulanger, du potier, du blanchisseur ou encore du barbier. Même le plus simple des scribes jouit d’un certain respect dans un pays ou la grande majorité de la population est illettrée.
Extrait de la "satire des métiers", grands classiques des étudiants égyptiens. Le texte, écrit en noir, est ponctué et daté en rouge. Voici la description des métiers de fabricant de nattes, de fabricant de flèches, et de conducteur de caravane : "Le fabricant de nattes dans l'atelier, il est plus misérable qu'une femme, il a les genoux dans l'estomac, sans air à respirer. S'il perd une journée, sans tisser, il est battu de cinquante coups de lanières, il donne un pot-de-vin au portier pour qu'il le laisse sortir à la lumière du jour. Le fabricant de flèches, vraiment dans une situation affreuse, monte au désert. Ce qu'il doit donner à manger à son ânesse excède le travail qu'elle fournit et il doit donner beaucoup aux habitants des marais qui le guident. Lorsqu'il rentre chez lui le soir, le trajet l'a rompu. Le conducteur de caravane part à l'étranger après avoir légué ses biens à ses enfants, par crainte du lion et de l'Asiatique, et il ne se retrouve que lorsqu'il est en Egypte. Il rentre chez lui, abattu, après que son trajet l'a rompu. Sa maison n'est que de tissu et de briques, il ne se détendra pas." |
D’après leur correspondance, les scribes ne coulent pas des jours aussi heureux qu’on le pense. Ainsi, ils sont parfois envoyés dans des lieux isolés ou il ne fait pas bon vivre. Vers 1100 av. J.-C., un scribe affecté dans une petite localité à l’ouest du Delta, se lamente sur son sort. Rongé par l’ennui, il passe ses journées à chasser et à pécher, et se plaint des moustiques et des meutes de chiens errants.
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