Karnak

Pendant deux mille cinq cents ans, du moyen empire à l’époque romaine, les pharaons ne cessent d’embellir le temple d’Amon dieu de Thèbes, auquel ils vouent un culte particulier.

Temples de karnakLe site n’existe que pour son dieu. Formant une véritable ville sacrée érigée à proximité de l’ancienne Thèbes, c’est tout d’abord un immense complexe que les égyptiens nommaient Opet-Sout, « la plus vénérée des places » et que la conquête arabe rebaptisera Karnak.

Situé à l’est du Nil,  à l’exact opposé de la nécropole de la vallée des rois, le cœur de la capitale égyptienne bat au rythme des cérémonies religieuses.

La création du temple de kanak remonterait à la IIIè dynastie, mais rien ne permet encore de confirmer une date aussi ancienne, en revanche, dès le moyen empire, Amon apparaît comme une divinité majeure dans la théologie égyptienne et l’existence en son honneur est attestée à partir de la XIè dynastie, sous le règne d’Antef II. Progressivement, ce qui n’était qu’un petit sanctuaire local va devenir un centre religieux de premier plan.

Plan de karnakLe site actuel de Karnak est un vaste sanctuaire qui nous apparaît démesuré à cause de son gigantisme. Mais, c’est l’état final d’un sanctuaire qui n’a cessé de se construire en un chantier permanent de l’histoire égyptienne. Rien n’est trop beau pour les dieux. Karnak comprend trois ensembles architecturaux répartis sur 123 hectares au nord-ouest de Louxor. Outre le temple d’Amon proprement dit, le sanctuaire comprend également des temples plus petits, des autres membres de la triade thébaine : Mout au sud, Khonsou à l’est. D’autres divinités y ont également leur demeure : citons Ptah, le créateur de Memphis, et Osiris dieu des morts et de l’au-delà. Les plus grands travaux débutent avec la XVIIIè dynastie, chaque souverain ou presque ajoutant son apport personnel à la construction collective du temple.

Plan du temple d amon karnakChaque temple construit par les égyptiens symbolise la terre originelle, le benben, qui a émergé de l’océan primordial au commencement des temps. Cette butte est représentée par une élévation du niveau du sol depuis l’entrée jusqu’au sanctuaire intérieur. Les colonnes sont des fourrés de papyrus, qui ont poussé sur la butte ; de plus, chaque temple se trouve soit entouré d’eau, soit à proximité d’un petit lac intérieur. Les seuls vestiges que l’on peut encore y voir remontent au maximum au nouvel empire vers (1550-1069 av. J.-C.), chaque souverain ayant constamment amplifié le travail architectural des souverains précédents, de sorte qu’il ne reste presque rien des sanctuaires primitifs.

Lac sacre de karnakChaque temple était une petite ville qui abritait des fonctionnaires, des policiers, des artisans et des cultivateurs, en plus de la population. Ils vivaient là comme dans une ville ordinaire. Mais les prêtres forment une classe à part : ils sont désignés par des mots ouâbou (les purs), it neter (père divin), hem neter (serviteurs divins), qui montrent leur réelle vocation à se tenir en dehors du monde profane. Les grands prêtres d’Amon étaient nommés par Pharaon : cela lui permettait de garder un œil vigilant sur cette institution, qui tendait, déjà à l’époque ramessides, de prendre son indépendance par rapport à la loyauté, véritable état dans l’état.

Le temple de Karnak finit par avoir la main mise sur l’ensemble des richesses du territoire de Thèbes. Un cinquième des récoltes étaient automatiquement destiné aux greniers d’Amon, pour garantir la population de la famine en cas de mauvaise crue du fleuve. Le temple se voit attribuer la dîme des prises de guerre, tant en matériel qu’en hommes. Les tributs des peuples soumis et les produits des mines et des expéditions lointaines se retrouvent aussi conservés dans son trésor.

Temple d amon  Temple de khonsou  Statues de ramses ii temple de karnak

Apres la conquête arabe, la ville sombre dans l’oubli. Au moyen âge, le site est considéré comme une vaste carrière : l’ensemble des monuments en calcaire est alors mis à bas et on en utilise les blocs pour construire la ville moderne de Louqsor. Quand le site de Karnak fut redécouvert, les trois-quarts du complexe étaient enfouis sous des tonnes de remblais atteignant cinq à dix mètres selon les endroits. Le sable dissimulait la plupart des structures antiques, responsable aussi de leurs dégradations. La présence d’une nappe phréatique mine tout le site et menace de faire effondrer les bâtiments. Plus d’un siècle plus tard, après un travail de titan, le site offre enfin aux visiteurs son visage du nouvel empire.

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