Sesostris III
SESOSTRIS III
Sésostris III est le cinquième Roi de la XIIe dynastie. Il est le fils de Sésostris II et de la Reine Khenemetnéferhedjet Oueret (l'Ancienne ou l'aînée). Manéthon lui compte 8 ans de règne. La durée de son règne est encore aujourd'hui sujette à discussion et les spécialistes sont assez divisés. Cependant à la vue de l'enregistrement à des dates supérieures, soit de constructions, soit d'activités militaires, il serait faux de croire que le Roi n'a pas survécu au-delà de sa 19e année de règne. De plus nous avons des statues qui nous sont parvenues, comme celle aujourd'hui au Musée du Louvre, qui malgré les dommages causés, nous montrent clairement Sésostris III représenté comme un vieillard fatigué.
Sésostris III eut quatre ou cinq épouses qui lui sont attestées en fonction des spécialistes. C’est sous son règne qu’apparaît pour la première fois le titre de Grande Épouse Royale :
• Sobekshedeti Néferou dont on ne sait pas grand chose. Il faut signaler que cette union est loin de faire l'unanimité auprès de tous les spécialistes et le fait que ce soit cette femme qui donna au Roi son fils Amenemhat III est de ce fait aussi très controversé..
• Khenemetnéferhedjet II est mentionnée sur deux des statues de son mari. Elle possède une pyramide dans le complexe de son époux à Dahshour
où ses bijoux furent retrouvés en 1994. Il n'y a pas d'enfant connu de cette union, mais le Roi ayant eu six enfants attestés dont cinq dont on ignore les mères, cette Reine pourrait très bien être la mère de certains.
• Néferouhenout est seulement connue que par son sarcophage, sur lequel se trouvaient ses titres et à partir de fragments de sa chapelle trouvés à côté de sa pyramide qui faisait partie du complexe pyramidale de Sésostris III à Dahshour. La position de sa tombe, à côté de la pyramide du Roi, confirme qu'il est très probable qu'elle fut sa femme.
• Méretseger n'apparaît comme une des épouses de Sésostris III seulement que dans des sources datant du Nouvel Empire. Elle fut représentée sur une stèle de cette époque. Selon certains spécialistes elle serait la première Reine à porter le titre de Grande Épouse Royale, qui deviendra le titre de toutes les premières épouses des Rois et Pharaons. Sésostris III eut six enfants et pour cinq d'entre eux on ignore qui sont les mères, il est fort probable que Méréret fut la mère d'un ou de plusieurs de ces enfants
• Sithathor-Iounet qui serait sa sœur ou sa demi-sœur. Elle n'est donnée que par quelques spécialistes. Pour d'autres il n'est même pas certain qu'elle fut une fille de Sésostris II. Deux titres lui seraient attribués : Fille du Roi et Épouse du Roi.
Sésostris III a cinq autres enfants attestés qui furent enterrés dans son complexe funéraire, mais on ignore qui sont leurs mères :
▪ Meryt. Elle nous est connue par une inscription sur son sarcophage et quatre scarabées où il est indiqué comme titre "Épouse du Roi", ce qui fait dire à certains spécialistes qu'elle ne fut peut-être pas une fille de Sésostris III, mais une épouse de lui où d'un autre Roi.
▪ Sithathor. Dans son ont été trouvé deux coffres, qui contenaient des bijoux très riches et de grande qualité. Elle nous est connue aussi par un scarabée trouvée à Dahshour.
▪ Menet. Elle nous est connue par une inscription sur son sarcophage. Elle portait le titre "Fille du Roi unie avec la beauté de la couronne blanche".
▪ Senet-Senebti. Elle nous est connue par une inscription sur son sarcophage.
▪ Khnemet dont ne sait rien. Elle n'est pas reconnue par tous les spécialistes.
Sésostris III poursuit les réformes mises en œuvre par son père. Il va porter la XIIe dynastie à son apogée que ce soit sur les plans, politique, économique ou culturelle. Il va étendre l’influence de l'Égypte sur la mer Rouge, la Palestine, la Crête et la Syrie. Il va soumettre complètement la Nubie en quatre campagnes militaires lors des années de règne 8, 10, 16 et 19 de son règne, en s’appuyant sur de riches Gouverneurs de province. Celle de l'an 8 est documentée sur une stèle à Semna. Elle retrace ses victoires contre les Nubiens grâce auxquelles le Roi pense avoir sécurisé la frontière du Sud. Une autre grande stèle de Semna, datée du troisième mois de l'an 16 de son règne, mentionne son activité militaire à la fois contre la Nubie et au Nord contre le pays de Canaan.
Dans ce rapport, le Roi avertit ses futurs successeurs qu'ils devront maintenir cette nouvelle frontière qu'il a créée. On sait que ces campagnes militaires furent très brutales. Les hommes étaient presque systématiquement abattus, leurs femmes et leurs enfants faits prisonniers, leurs champs brûlés et leurs puits d'eau empoisonnés. Les forteresses qui ont été construites sous les précédents Rois de la dynastie à la frontière Sud sont renforcées et huit nouvelles, surveillantes de la vallée du Nil jusqu’à la deuxième cataracte, son ajoutées, dont à Bouhen, Semna et Toshka et Ouronarti.
Certaines forteresses avaient une activité militaire dominante. Les gardes empêchaient les Nubiens de se déplacer avec leurs troupeaux au Nord de la frontière, c'est à dire dans le territoire que les Égyptiens considéraient comme leur. Alors que d'autres avaient un caractère plus économique et furent très impliquées dans le commerce. D'autres encore ne servirent que comme dépôts pour les armes.
Afin de garder les bonnes relations commerciales avec la Palestine, Sésostris III, engage une première campagne militaire dans la région, sans doute dans une tentative pour arrêter l'infiltration des Asiatiques et punir très probablement quelques tribus de voleurs nomades qui avaient essayé d'entrer en Égypte. Le Roi en profite pour éliminer des Gouverneurs locaux qui avaient maintenu leur puissance depuis la Première Période Intermédiaire.
Sésostris III est celui par qui le pouvoir sera centralisé. Il est souvent crédité d'avoir enfin réussi à briser le pouvoir des Nomarques bien qu'il n'y ait aucune preuve directe pour soutenir cette affirmation. Ce qui est sûr c'est qu'il fait face à la menace que constituaient les dynasties de féodaux en réorganisant radicalement l’administration et en tentant d'éliminer ces dernières lignées de Nomarques. Cette organisation, débutée sous son père, reposait sur une division du pays en trois régions, le Nord, le Sud et la "Tête du Sud" Chacune d'entre elles était gouvernée par un ministre, un assistant et un conseil placés sous l'autorité du Vizir. La disparition de l'ancienne caste dirigeante va laisser la place à une nouvelle bourgeoisie attestée par l'apparition de monuments funéraires privés.
Sésostris III apparait dans des sources plus tardives comme l'un des grands Rois de l'Égypte. Hérodote raconte les conquêtes de Sésostris III par la mer Rouge. Il a également signalé des stèles qui ont été érigées par le souverain dans les territoires conquis. Sésostris III n'a pas une grande activité de bâtisseur. Il est possible qu'il fût trop impliqué dans sa politique étrangère pour passer une grande partie de son temps sur la construction. Il fait ériger cependant quelques temples dans la région de Thèbes, notamment celui en l'honneur du Dieu Montou et il fait réaliser beaucoup de statues à son effigie. Dans ce domaine, sur le plan artistique, Sésostris III semble avoir été un réformateur. Depuis le début de la période dynastique, le Roi a toujours été, et quel que soit son âge et ses capacités physiques, représenté comme un jeune homme vigoureux, avec un visage sans âge. Contrairement à cette tradition, de nombreux reliefs et statues de Sésostris III le montrent comme un homme âgé et fatigué.
Sésostris III est le deuxième Roi de la XIIe dynastie à choisir Dahshour comme lieu pour son complexe funéraire. La pyramide est découverte par J.S.Perring en septembre 1839. Elle sera fouillée successivement par Karl Richard Lepsius, par Gaston Maspero, Jacques Jean Marie de Morgan et plus récemment par Dieter Arnold, qui de 1990 à 1999, a achevé d'étudier l'ensemble du complexe. La pyramide mesurait 105 m de base, mais pour sa hauteur les spécialistes sont loin d'être unanimes, on trouve : 61,25 m, 64,13 m et environ 78 m.
Ce qui reste de la pyramide aujourd'hui est une colline avec un énorme cratère en son centre. Â ses cotés, on trouve sept plus petites pyramides, ainsi que sept autres tombeaux. Certains pour les filles et la "mère" du Roi. Une galerie souterraine conduisait aux quatre pyramides des Reines.
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