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Les sculpteurs

Qualifiés de « sânkh », signifiant  celui qui fait vivre, les artistes étaient formés très jeunes, apprenant leur métier de père en fils. Le sculpteur est à l'image de Ptah de Memphis, le dieu créateur par excellence et le dieu patron des artistes.

Dès la préhistoire jusqu'à la période dynastique l'ivoire et le bois ont été utilisés pour réalisé différentes sculptures. Après l'incendie volontaire des tombes de la Ire dynastie à Abydos, les égyptiens prirent conscience de la fragilité de tels matériaux, dès lors, assiste-t-on à l'avènement de la sculpture en pierre.

Statuette en ivoire datant de la période thinite  Statuette en bois datant du Moyen Empire vers 1700 av J-C.

Les matières premières comme le (granit, schiste, quartzite, calcaire, grauwacke et albâtre) sont les principales roches utilisées et conservées dans les nombreux magasins de Karnak. Les scribes supervisent la distribution et comptabilisent des blocs de pierre remis aux sculpteurs. D’autres scribes s’occupent de la distribution des outils : maillets de bois, ciseaux, herminettes, forets et boules de dolérites. Seuls les plus habiles artisans sont employés dans les ateliers du dieu, situé dans l’enceinte de Karnak.

Herminette et lame en bronze au nom d'Hatshepsout - Musée du Louvre  Boules de dolorite dans la carrière d'Assouan

Les sculpteurs qui travaillent en équipe sans hiérarchie ni reconnaissance du travail personnel, réalisent une œuvre collective. L’un des artistes commence par appliquer une corde tremper dans la peinture rouge sur les quatre cotés du bloc de pierre, pour tracer des lignes qui se coupent à angle droit. Sur les carrés ainsi obtenus, un maître confirmé dessine à l’encre rouge les contours de la future statue. Grace à ce quadrillage, il respecte les règles fixées pour les proportions des personnages. Apres avoir corrigé ses erreurs à l’encre noire, l’artiste cède la place à des apprentis qui dégrossissent la pierre à l’aide d’un maillet et des ciseaux à lame large et épaisse. Le maître refait ensuite un dessin plus précis. C’est alors au tour des sculpteurs expérimentés d’entré en action. Armés de ciseaux fins, ils suivent les contours de la figure pour exécuter les détails comme la bouche, le nez ou les mains. Pour finir ils polissent la pierre à l’aide d’une boule de dolérites et une pâte abrasive à base de poudre de quartz pour la rendre lisse et supprimer les imperfections. Pour accéder aux parties hautes des colosses royaux, les artistes utilisent des échafaudages. Les finitions sur les statues sont laissées aux soins des peintres qui appliquent les couleurs.

Peinture de la tombe de Rekhmirê

Les sculpteurs chargés de fabriquer des statues qui ont une fonction religieuse, doivent reproduire fidèlement les modèles qui leurs sont donnés par les prêtres et en aucun cas laisser libre cours à leur imagination. Ainsi, le roi est souvent représenté debout, les bras le long du corps ou croisés, assis, les mains sur les genoux ou encore agenouillé. Les statues montrent également les personnages debout la jambe gauche avancée en signe de marche, comme constater sous le règne de Qâ, dernier roi de la Ire dynastie, le sujet pose déjà dans l'attitude classique de l'homme debout, le pied gauche en avant.

Statue de Ramsès II assis mains sur les genoux - temple de Loxor  Statue de Ramsès II la jambe gauche en avant en signe de marche - temple de Louxor

L’atelier du sculpteur amarnien Thoutmosis nous à légué une mine de renseignement sur son métier. Dans sa vaste demeure traditionnelle et des logements pour ses élèves, on retrouva les salles exclusivement destinées à son travail de sculpteur ou subsistait différents types de pierre et une série de moulages en plâtre probablement réalisés à partir de statues originales.

Représentation du Sculpteur Thoutmosis provenant de sa tombe à Saqqarah  Reconstitution de la demeure et de l'atelier du sculpteur Thoumosis

Des pinceaux, des couleurs, différents outils de travail, son stock de modèles furent mise au jour. Découvert sur le sol d’une salle de l’atelier, le célèbre buste de la reine Néfertiti est d’une beauté saisissante. Le buste ayant la forme d’un support, certains spécialistes attestent qu’il s’agissait probablement d’une œuvre servant de modèle. Toujours dans l’atelier de ce sculpteur, on retrouva une série de masques de plâtre aux traits expressifs réalisés sur des personnes défuntes ou sur des êtres vivants.

Le sculpteur Thoutmosis et deux de ses apprentis représenté sur les mur de sa tombe à Saqqara  Masque en platre d'un homme inconnu - atelier de Thoutmosis  Masque féminin en plâtre provenant de l'atelier du sculpteur Thoutmosis

Concernant les bas-reliefs, le mur ne constituait pas uniquement le support sur lequel on sculptait. Les inégalités de la paroi étaient comblées et lissées par du plâtre, puis elle était recouverte, entièrement, d'une mince couche d'enduit à base de plâtre. Après avoir préparé la surface, les motifs sont esquissés par un trait de peinture rouge, ou plus rarement noire ou jaune. Il existe trois méthodes de sculpture :

Le bas-relief vrai : toute la surface de la paroi est enlevée, il ne reste en relief que l'intérieur du dessin ébauché. Les détails sont sculptés après.

Bas-relief provenant du temple d'Horus à Edfou

Le bas-relief dans le creux : à partir du règne de Khéops (IVe dynastie) l'artiste creuse, en dégradé, autour des figures dont les contours sont matérialisés à la peinture. La plus grande profondeur se trouve près du contour. 

Exemple de bas-relief dans le creux - Tombe El-Kab

La gravure en creux : toute la surface intérieure du motif est enlevée très profondément afin d’éviter toute usurpation postérieure. Cela s’applique principalement aux écritures et aux cartouches de Pharaon. Cette technique connaîtra une pratique très poussée sous Ramsès III.

Relief en creux du temple de Ramsès III à Medinet Habou

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