La pierre de rosette

 

La pierre de Rosette fut découverte à Port Saint Julien, el-Rashid (Rosette) sur le delta du Nil en Égypte lors de la campagne Napoléonienne de 1799 par l’officier Pierre François Xavier Bouchard. Les soldats l’avaient trouvée en exécutants des travaux de fortification sur le fort Julien. Réalisant son importance, la pierre fut envoyer à Alexandrie pour y réaliser des moulages et des copies, mais la pierre fut plus tard saisie par le général britannique Tomkins Turner ou elle trouva finalement sa résidence permanente au British Museum à Londres.

Découverte de la pierre de rosette  Pierre de rosette -British Museum de Londres

Cette stèle d’origine volcanique (granodiorite grise et rose), mesure 112,3 de haut pour 75,7 cm de large et fait 28,4 cm d'épaisseur et pèse 760 kilos. Se qui la rend unique, c’est qu’elle contient la même déclaration écrite dans trois langues différentes. Plus de la moitié du décret est perdu de la section hiéroglyphique, à l'origine sur les 29 lignes environ il n’en reste que 14. Le grec occupe 54 lignes, avec de nombreuses erreurs dans l'inscription, et le démotique 32 lignes. Comme il manque des parties de la stèle, en particulier les deux coins supérieurs et le coin inférieur droit, aucun des textes n'est complet.

Textes de la pierre de rosette

Le fragment fait partie d'une plus grande pierre gravée qui aurait atteint environ 2 mètres de haut. L'extrémité supérieure de la pierre était probablement arrondie, et, si l'on peut en juger par les reliefs trouvés sur les stèles de la même période, le front de la partie arrondie était sculptée d'une figure du disque ailé d'Horus d'Edfou, ayant des uraeus pendants, l'un portant la couronne du Sud, et le l'autre la couronne du Nord. Au-dessous du disque ailé il peut y avoir eu un cortège de dieu, dans lequel le roi fut vu debout, avec sa reine. (Similaire au décret de Canope, édicté sous le règne de Ptolémée III en -238)

Taille originale de la pierre de rosette

Le texte des trois systèmes d'écriture se réfère à un décret publié en 196 av. J.-C par un conseil sacerdotal de Memphis qui affirme le culte royal du roi égyptien Ptolémée V Épiphane Eucharistos, un an après son couronnement. Il fit graver sa prononciation en grec et en égyptien pour que tous ses sujets puissent la comprendre, ce qui fut un coup de chance pour les chercheurs du 19e siècle qui l’utilisèrent pour décoder les hiéroglyphes.

Les premières lignes du texte sont remplies d'une liste des titres de Ptolémée V, et une série d'épithètes qui proclament la piété du roi envers les dieux, et son amour pour les Égyptiens et son pays. Dans la deuxième partie de l'inscription les prêtres énumèrent les bienfaits qu'il à conférés sur l'Egypte. On nous dit que le roi apporta une grande prospérité à l'Égypte et qu'il investit de grandes sommes d'argent pour construire des temples et pour restaurer les anciens. Il procura du grain au peuple. Les impôts furent réduits ou éliminés, et de nombreux prisonniers furent libérés pendant son règne. Le roi envoya des troupes par mer et par terre contre les ennemis de l'Egypte et le siège et la conquête de la ville de Shekan (Lycopolis) est mentionnée.

Monnaie égyptienne de Ptolémée V Epiphane-Tétradrachme

Pour honorer tous ces actes, une statue du roi, titrant « Ptolémée Défenseur de l'Égypte » et portant dix diadèmes d'or devaient être mise en place dans tous les temples et des prêtres devaient y veiller trois fois par jour. L'anniversaire et la date du couronnement du roi doivent être célébrés comme des jours de fêtes ainsi que le 17e jour et le dernier de chaque mois doivent être des jours de célébration en l'honneur du grand souverain. Le texte conclut en déclarant que ces décrets doivent être écrits dans la pierre en trois textes ; sacré, documentaire et écriture grecque et les pierres devaient être érigées dans tous les temples à côté de la statue de ce grand roi qui vivra pour toujours.

Plusieurs experts essayèrent d'utiliser la pierre pour déchiffrer les hiéroglyphes, mais ce fut l'Anglais Thomas Young qui en premier identifia certains des hiéroglyphes qui se rapportaient à Ptolémée V Épiphane et la direction dans laquelle les symboles devaient être lus. Cependant, c'est  par l'égyptologue Jean-François Champollion que le texte fut entièrement déchiffré et qui réalisa que les hiéroglyphes étaient en fait un mélange d'éléments alphabétiques, déterminatifs et syllabiques. Il pu déchiffrer les anciens hiéroglyphes égyptiens à travers les formes ovales trouvées dans le texte hiéroglyphique, connues sous le nom de cartouche et comprenant les noms des rois et des reines. Il a pu comparer ces noms avec le texte grec pour distinguer le nom de Ptolémée et Cléopâtre. C'est cet épisode qui a conduit au déchiffrement de la langue hiéroglyphique.

Jean-François Champollion  Notes et esquisses de Jean-François Champollion

Une campagne de restauration fut mise en œuvre pour enlever les nombreuses traces d’encre d’imprimante et autres matériaux qui fut appliqué sur la surface afin de copié les textes. Malgré les traitements répétés, une fois exposée, la graisse de plusieurs milliers de mains humaines désireuses de toucher la pierre a aggravé le problème. Enfin, après plusieurs nettoyages la peinture blanche du texte, appliquée en 1981, qui avait été laissée en place jusqu'à présent comme revêtement protecteur, a été enlevée avec des cotons-tiges et de l'eau purifiée. La pierre de rosette retrouva sa couleur d’origine, noire avec des lettres blanches. Un petit carré dans le coin inférieur gauche de la face de la pierre n'a pas été touché pour montrer la cire noircie et le remplissage blanc

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